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« Ancienne préfecture de police, rue de Jérusalem », par Pierre Ambroise Richebourg,
vers 1850-1854. Source : Bibliothèque de l'Institut National d’Histoire de l’Art,
collections « Jacques Doucet » (pour consulter les 17 autres clichés, cliquez ici). |
Depuis 1816 : la Préfecture de Police est établie cour de Harlay, dans l’ancien hôtel de la Présidence (hôtel du Parlement). Comme l’une des entrées se fait par la rue de Jérusalem (approximativement à l’emplacement de l’actuel n° 34 du quai des Orfèvres), la Préfecture de Police est souvent désignée par le nom de cette rue.
1854 : dans le cadre de la construction du nouveau Palais de Justice, les maisons sur la rue de Harlay sont expropriées et vidées de leurs occupants.
1856 : chassée de la cour de Harlay et de l’hôtel de la Présidence par l’agrandissement du palais de justice, la Préfecture de Police est installée dans les immeubles de la rue de Harlay. Elle fait établir des arches aux trois entrées (place Dauphine, quais de l’Horloge et des Orfèvres) pour faire de la rue une sorte de cour.
1857 : la démolition des vieilles constructions de la cour Lamoignon, de la rue Basville et de la cour du Harlay est commencée. Chaque jour les employés quittent les anciens bâtiments pour s’installer dans les nouveaux bureaux, où sont déjà, du côté de la place Dauphine et dans les maisons de la rue du Harlay, les bureaux des Passeports, des Hôtels Garnis, du Personnel, la police municipale, le service de Sûreté, le service des Poids et Mesures, le bureau de Permanence, etc.
1867 : la cour de cassation, sur le quai de l’Horloge, est inaugurée le 4 novembre (même si elle n’est pas entièrement achevée intérieurement) ainsi que les nouvelles salles de la cour d’assises et la nouvelle salle des pas-perdus (aujourd’hui, vestibule des Assises ou vestibule de Harlay).
1868-1870 : alors que la façade monumentale du palais de justice côté ouest est presque achevée (il lui manque son grand perron, dont les travaux commencent en 1869), on s’active à terminer la construction de la nouvelle Préfecture de Police sur le quai des Orfèvres. Une première partie ayant été livrée vers janvier 1870, les fonctionnaires de la Préfecture commencent à déménager, quai des Orfèvres, en particulier le service des Archives.
1870 : la guerre franco-prussienne, déclarée le 19 juillet, et ses suites insurrectionnelles, vont surseoir à l’installation des services dans la nouvelle Préfecture. À la fin de la Commune, la cour de cassation est partie en fumée, tout comme la nouvelle Préfecture. La nouvelle salle des pas-perdus et la façade principale (bâtiment des assises), qui se trouvent entre les deux, sont épargnées par les flammes. Les archives de la sûreté sont elles aussi parties en fumée.
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« Palais de justice, cour de cassation », par Bruno Auguste
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1871 : suite à la destruction de la nouvelle préfecture, les services centraux de la Préfecture de Police, en particulier le cabinet du préfet, sont déménagés dans l’un des deux hôtels de la récente caserne de la Cité. Après avoir passé quelques jours entassé dans les sous-sols du quai d’Orsay, le service de la Sûreté est installé au 7, quai de l’Horloge, juste au-dessous de la salle d’audience de la cour de cassation, dans le voisinage du dépôt, à proximité des cabinets des magistrats, substituts, et juges d’instruction avec lesquels les enquêteurs travaillent en permanence. Épargné par l’incendie, sur la pointe nord du palais de justice, l’endroit combine pièces obscures, WC « ouverts à tout venant » et couloirs encombrés de casiers et d’armoires, le tout baignant dans une odeur prégnante de gaz d’éclairage. Les travaux ayant été plus longs que prévu, la Préfecture de Police aura occupé la rue de Harlay de 1856 à 1871.
1871-1872 : les immeubles sur le côté droit de la rue de Harlay (numéros impairs) sont démolis pour l’achèvement de la construction du grand perron, dont les travaux ont été interrompus à cause de l’Insurrection, et qui doit accompagner la façade monumentale du nouveau Palais de Justice.
1874 : les derniers services de la Préfecture (Passeports et Garnis) qui s’accrochaient encore place Dauphine sont déménagés, et les immeubles sur le côté gauche de la rue de Harlay (numéros pairs), qui fermaient la place, disparaissent pour dégager la vue sur le nouveau Palais.
1878 : fin du gros œuvre pour le bâtiment sud du Palais de Justice, en pierre de taille et sur cinq étages, normalement dévolu aux services de la Préfecture de Police. Cependant, sommé d’avaliser l’emménagement dans les locaux reconstruits, le préfet Félix Voisin refuse, préférant rester dans la caserne de la Cité (construite entre 1863 et 1867).
1882 : après six mois d’incessantes réclamations, Gustave Macé, qui a pris ses fonctions de chef de la Sûreté en 1879, est le premier à voir son cabinet installé au deuxième étage du 36, quai des Orfèvres, dans une « vaste galerie éclairée par un bec de gaz ». Avec lui, et au milieu des gravats, emménagent divers services : Passeports, Permis de chasse, Garnis, Livrets, Sommiers judiciaires, Délégations spéciales, Archives, deuxième bureau de la première division (individus arrêtés). Une partie de la Sûreté s’installe sans doute à cette adresse (« brigade du chef »), mais il semble que le gros du service, de même que la section des Mœurs, soient demeurés quai de l’Horloge. Son successeur, Louis Kuehn, a lui aussi occupé le cabinet du 36, quai des Orfèvres.
1885 : à la mort de Kuehn d’une crise cérébrale dans son bureau, le nouveau chef de la Sûreté, Ernest Taylor, choisit de réintégrer le 7, quai de l’Horloge. Son but était surtout de plaire à M. Caubet, le chef de la police municipale (et son supérieur hiérarchique), dont ses deux prédécesseurs avaient cherché à s’affranchir.
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Histoire du 36 illustrée de Claude Cancès
et Charles Diaz, Mareuil Éditions, 2017.
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1888 : le 19 avril, le cabinet du chef de la Sûreté est définitivement établi au 36, quai des Orfèvres. Selon Claude Cancès et Charles Diaz, la « brigade du chef » occupe « l’aile sud du quatrième étage du 36, quai des Orfèvres, avec comme voisin immédiat, juste au-dessus d’elle et sous les combles, le service d’identification anthropométrique ». Dirigé par Alphonse Bertillon, le service d’identification anthropométrique a été créé deux mois plus tôt et le service judiciaire photographique déjà existant y a immédiatement été rattaché. Au fur et à mesure de son développement, le service s’étend sous les combles du Palais de Justice, « dans un dédale de greniers, de couloirs, de soupentes, de passerelles et d’échelles » entre le quai de l’Horloge et le quai des Orfèvres.